Citrons Amers

De Eran Riklis, avec Hiam Abbass, Rona Lipaz-Michael, Ali Suliman et Doron Tavory
2008
Ca n'aura pas trainé finalement. Deux films dont je n'attendais pas grand-chose (Iron Man et celui-ci), deux films dont je suis ressorti globalement conquis, même si celui-ci m'a laissé un goût amer, mais lisez la suite pour mieux comprendre un ressenti qui finalement appartient au registre du subjectif.
Le film situe l'action en Cisjordanie, sur les frontières séparant Israël des territoires occupés où vivent les Palestiniens. Il met en scène une villageoise palestinienne veuve, Salma (interprétation remarquable de Hiam Abbass qui assure la plus belle performance du film), qui s'occupe des quelques 300 citronniers qu'avait plantés son défunt père. Malheureusement, à côté d'elle, vient s'installer le ministre israëlien de la Défense qui considère que ces citronniers sont une menace pour sa sécurité (des terroristes peuvent s'y cacher et lancer des grenades sur sa belle résidence) et ordonne que la plantation soit entièrement rasée. Inacceptable pour la jeune femme qui décide de saisir les autorités pour conserver ses chers citronniers qui lui assurent de surcroît son seul et maigre revenu. L'affaire va prendre une ampleur internationale, Salma décidant de trainer l'affaire jusqu'à la Cour Suprême et d'affronter les avocats de l'armée qui bénéficient évidemment de tout le soutien du gouvernement .
Bien sûr, tout le monde aura compris que cette bête querelle de voisinage illustre l'éternel conflit israëlo-palestinien, et ce cadre plus intimiste permet de mieux mettre en valeur les tares des deux camps: la paranoïa et les excuses-bidon de l'un pour prendre le dessus sur l'adversaire et le machisme de l'autre qui préfère que la femme se résigne et reste digne dans son malheur plutôt que l'aider dans son combat, tout en lui faisant comprendre qu'il serait très malvenu pour elle de s'amouracher de son avocat.
Tout ceci est plutôt bien vu, d'autant que le film, tout en évitant de dramatiser l'ensemble en étalant toute l'injustice du monde, se permet même quelques audaces humoristiques bienvenues (les affiches "danger de mort" qui entourent la plantation de citronniers de Salma, ha ha !). Le film parvient du coup à conserver un ton assez léger, mais ça s'arrête là finalement.
J'attendais beaucoup plus de ce film dès les premières images. En effet, outre le conflit de voisinage, le film prend son temps pour nous présenter deux portraits de femmes: Salma la palestinienne et Mira l'israëlienne (l'épouse du ministre incarnée par Rona Lipaz-Michael). Deux femmes venant de milieux distincts et qu'on sent prêtes à faire abstraction de leur statut et à briser le carcan des traditions et des préjugés pour se découvrir et dialoguer. Or, la rencontre ne se fait jamais, la sécurité voulant à tout prix protéger la femme du ministre qu'elle estime en danger. Certes, il s'agit d'un vrai constat, bien représentatif du pourquoi de l'éternisation de ce conflit (l'absence de dialogues entre les deux camps) mais justement, en s'attardant sur les deux femmes, j'aurais voulu qu'on passe du constat à l'acte, qu'on y trouve un début d'optimisme, que la situation ne reste pas désespérément bloquée tout du long et ne débouche donc sur un final qui évidemment n'avantagera aucun des deux camps.
Oui, le film montre bien que tout pourrait être si simple, qu'il suffirait juste d'un tout petit effort de rien du tout pour que cette spirale infernale se déroule enfin, que les deux camps ont chacun leurs défauts, mais j'aurais vraiment aimé que le réalisateur fasse le pas et que la solution vienne de ces deux femmes qu'on emprisonne, ce qui aurait été un beau pied-de-nez à ce qu'on considère comme une affaire d'hommes. C'est donc une critique toute personnelle.
Le film reste réussi dans l'ensemble, l'actrice principale parvient à être touchante dans ce rôle de battante et on suit toute cette histoire avec intérêt, d'autant qu'elle nous est vraiment bien contée. A un niveau personnel, ces citrons m'ont donc laissé un goût amer, mais en même temps, c'est là aussi sûrement l'effet voulu. Même si acides, ils eurent été parfaits.

Le film situe l'action en Cisjordanie, sur les frontières séparant Israël des territoires occupés où vivent les Palestiniens. Il met en scène une villageoise palestinienne veuve, Salma (interprétation remarquable de Hiam Abbass qui assure la plus belle performance du film), qui s'occupe des quelques 300 citronniers qu'avait plantés son défunt père. Malheureusement, à côté d'elle, vient s'installer le ministre israëlien de la Défense qui considère que ces citronniers sont une menace pour sa sécurité (des terroristes peuvent s'y cacher et lancer des grenades sur sa belle résidence) et ordonne que la plantation soit entièrement rasée. Inacceptable pour la jeune femme qui décide de saisir les autorités pour conserver ses chers citronniers qui lui assurent de surcroît son seul et maigre revenu. L'affaire va prendre une ampleur internationale, Salma décidant de trainer l'affaire jusqu'à la Cour Suprême et d'affronter les avocats de l'armée qui bénéficient évidemment de tout le soutien du gouvernement .
Bien sûr, tout le monde aura compris que cette bête querelle de voisinage illustre l'éternel conflit israëlo-palestinien, et ce cadre plus intimiste permet de mieux mettre en valeur les tares des deux camps: la paranoïa et les excuses-bidon de l'un pour prendre le dessus sur l'adversaire et le machisme de l'autre qui préfère que la femme se résigne et reste digne dans son malheur plutôt que l'aider dans son combat, tout en lui faisant comprendre qu'il serait très malvenu pour elle de s'amouracher de son avocat.
Tout ceci est plutôt bien vu, d'autant que le film, tout en évitant de dramatiser l'ensemble en étalant toute l'injustice du monde, se permet même quelques audaces humoristiques bienvenues (les affiches "danger de mort" qui entourent la plantation de citronniers de Salma, ha ha !). Le film parvient du coup à conserver un ton assez léger, mais ça s'arrête là finalement.
J'attendais beaucoup plus de ce film dès les premières images. En effet, outre le conflit de voisinage, le film prend son temps pour nous présenter deux portraits de femmes: Salma la palestinienne et Mira l'israëlienne (l'épouse du ministre incarnée par Rona Lipaz-Michael). Deux femmes venant de milieux distincts et qu'on sent prêtes à faire abstraction de leur statut et à briser le carcan des traditions et des préjugés pour se découvrir et dialoguer. Or, la rencontre ne se fait jamais, la sécurité voulant à tout prix protéger la femme du ministre qu'elle estime en danger. Certes, il s'agit d'un vrai constat, bien représentatif du pourquoi de l'éternisation de ce conflit (l'absence de dialogues entre les deux camps) mais justement, en s'attardant sur les deux femmes, j'aurais voulu qu'on passe du constat à l'acte, qu'on y trouve un début d'optimisme, que la situation ne reste pas désespérément bloquée tout du long et ne débouche donc sur un final qui évidemment n'avantagera aucun des deux camps.
Oui, le film montre bien que tout pourrait être si simple, qu'il suffirait juste d'un tout petit effort de rien du tout pour que cette spirale infernale se déroule enfin, que les deux camps ont chacun leurs défauts, mais j'aurais vraiment aimé que le réalisateur fasse le pas et que la solution vienne de ces deux femmes qu'on emprisonne, ce qui aurait été un beau pied-de-nez à ce qu'on considère comme une affaire d'hommes. C'est donc une critique toute personnelle.
Le film reste réussi dans l'ensemble, l'actrice principale parvient à être touchante dans ce rôle de battante et on suit toute cette histoire avec intérêt, d'autant qu'elle nous est vraiment bien contée. A un niveau personnel, ces citrons m'ont donc laissé un goût amer, mais en même temps, c'est là aussi sûrement l'effet voulu. Même si acides, ils eurent été parfaits.
